Un samedi à Konya : La patrie des Derviches Tourneurs
Première vadrouille du semestre, ou plutôt vadrouillette vu que nous ne sommes parties qu’une journée… Histoire de faire un peu mieux connaissance avec nos compatriotes fraîchement arrivées, Sarah et Nadège, et surtout histoire d’aller voir ailleurs si ya moins de neige, nous avons décidé de passer une journée à Konya.
Nous arrivons en début d’après midi, et commençons donc par aller goûter la spécialité : le fırın kebap, du mouton tendre et bien gras rôti au four…
Pendant que nous dégustons notre kebab assises sur des poufs et que vous salivez, je vous présente la désormais célèbre minute historique !
La minute historique – Extrait du Lonely Planet : "La ville existe depuis plus de 4000 ans. L’âge d’or de Konya remonte au XIIIème siècle, lorsqu’elle était la capitale du sultanat de Roum, l’un des États qui succédèrent au grand empire turc seldjoukide du XIème siècle. De 1150 à 1300, le sultanat engloba la plus grande partie de l’Anatolie et fit de Konya sa capitale. À cette époque, les sultans seldjoukides construisirent nombre de superbes édifices de style typiquement turc, marqué par les influences perse et byzantine. […] Le sultanat seldjoukide de Roum a donné naissance à l’un des plus grands philosophes mystiques, Celaleddin Rumi. Ses œuvres poétiques et religieuses comptent parmi les écrits les plus respectés et vénérés du monde musulman. […] Rumi mourut le 17 décembre 1273, date aujourd’hui surnommée "nuit de noces", car il s’unit enfin à Allah. Son fils organisa ses disciples en confrérie, appelés les Mevlevis ou derviches tourneurs. Konya est un haut lieu sacré, vénéré par les Turcs musulmans, et plus de 1,5 million de pèlerins s’y rendent chaque année."
Après manger, nous allons directement visiter le musée Mevlâna, l’ancienne loge des derviches tourneurs et qui abrite le tombeau de Celaleddin Rumi, dit Mevlâna ("notre guide"). À l’entrée, le plus célèbre de ses versets résumant ses enseignements œcuméniques nous accueille :
"Viens, viens
Qui que tu sois, viens.
Que tu sois infidèle, païen, adorateur du feu, viens.
Notre confrérie n'est pas celle du désespoir.
Même si tu t'es parjuré plus de cent fois, viens."
Bon, je vous donne quelques explications sur les derviches tourneurs, cette "confrérie" très particulière, qui fait que tant de pèlerins viennent visiter Konya. Je résume un peu, parce que, vous aller voir, c’est bien compliqué !
"Tourner jusqu’à l’extase" - Extrait du Lonely Planet – : "La prière des Mevlevis (c'est-à-dire les derviches) prend la forme d’une danse rituelle symbolisant l’union avec Dieu. Les derviches entrent dans la "salle du tourbillon" vêtus d’une longue robe blanche à manches longues, symbole du linceul, d’un ample manteau noir représentant leur sépulture et coiffés d’une haute toque de feutre rouge conique, image de leur pierre tombale. (Oui, je sais, c’est très gai !!) L’office commence par un chant (une prière à Mevlâna et un verset du Coran), puis le son des timbales éclate, suivi par la mélodie plaintive du ney (flûte). Chaque musicien fabrique son propre instrument à partir d’un bambou soigneusement choisi et taillé, brûlant les trous pour les doigts selon une formule mathématique. Le ney est censé être doté d’une âme propre et l’ "ouvrir" permet à cette âme de s’exprimer à travers sa musique. Les derviches se placent en cercle ; après avoir effectué trois fois le tour de la piste, ils laissent tomber leur manteau noir pour signifier leur délivrance de toute attache à ce monde. L’un après l’autre, les bras croisés sur la poitrine, ils s’approchent du şeyh (le "maître"), s’inclinent et lui baisent la main en écoutant les instructions qu’il leur murmure à l’oreille, puis virent sur eux mêmes lentement au ras du sol comme pour renoncer à la vie terrestre et renaître en union avec Dieu. Le chœur masculin et l’orchestre commencent à se faire entendre tandis que les derviches déploient leurs bras et se mettent à tournoyer. En tenant la main droite levée, ils recueillent la grâce du ciel qu’ils transmettent à la terre par la main gauche, la paume vers le sol. En pivotant sur leur talon gauche, ils tournent de plus en vite. Ils forment ainsi une "constellation" de corps tournoyants qui elle-même se déplace en tournant lentement dans la salle. Au bout de 10 minutes, ils s’interrompent et s’agenouillent. Puis ils se relèvent et recommencent. Ils répètent ainsi la danse 4 fois. Quand s’achève le tournoiement, on psalmodie à nouveau des passages poétiques du livre saint, scellant ainsi cette tentative d’union mystique avec Dieu."
Voilà, c'est assez spécial, on va tenter d'aller voir ça un jour, pour l'instant nous nous contentons du musée :
La loge des derviches, et son dôme cannelé couvert de faïence turquoise :
La fontaine aux ablutions :
La collection Automne - Hiver 2006 "Chaussures Sacs-Poubelle" :
Le tombeau de Mevlâna :
De faux-vrais derviches tourneurs :
Après le musée, nous nous promenons dans la ville, remplie de très vielles mosquées d’architecture seldjoukide (le Grand Empire Turc seldjoukide : XIème et XIIème siècle), donc la grande mosquée Alaettin :
Le mirhab (niche indiquant la direction de la Mecque) de la mosquée Alaettin, en marbre et orné de calligraphies bleu et noir :
Voilà, un petit samedi sans neige pour changer ! A bientôt !